18 Avr 2022
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Santé de la planète Questions Réponses

Qu’est-ce qu’une alimentation durable?

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En 1987, les Nations unies ont défini le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins »[1]. Un volet particulièrement important de ce concept concerne l’alimentation durable, c’est-à-dire la manière de se nourrir sans compromettre l’avenir. Mais que savons-nous de l’alimentation durable ? et comment l’adopter au quotidien?

Lorsque l’on évoque un « mode de vie durable », il est habituel et facile de se focaliser sur l’impact environnemental de la production alimentaire et de ce que nous consommons. En effet, certains définissent « l’alimentation durable » uniquement sur la base de préoccupations environnementales, mais le consensus parmi les experts est que l’alimentation durable représente bien plus que cela.

Effectivement, lorsque l’on parle de régime alimentaire durable, deux aspects doivent être pris en compte : l’impact environnemental des aliments et leurs valeurs nutritionnelles. Ainsi, les coûts environnementaux de l’ensemble de la chaîne du système alimentaire (production, transformation, distribution – incluant notamment le transport et commercialisation –  et de la consommation des aliments) doivent être mis en regard de la valeur nutritive des aliments, qui affecte la santé, mais également leur accessibilité financière et leur acceptabilité culturelle et sociale.

Les régimes alimentaires sains et durables sont des modèles alimentaires qui :

  • Favorisent toutes les dimensions de santé et du bien-être des individus. Une alimentation durable doit fournir les nutriments dont nous avons besoin pour protéger et améliorer notre santé, pour éviter le développement de maladies (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, carences nutritionnelles…).
  • Ont un faible impact sur l’environnement. D’une part, le trajet que les denrées alimentaires effectuent de la fourche à la fourchette consomme de l’énergie. Cette consommation énergétique,  loin de se limiter à la production agricole, inclue l’énergie liée au transport, à la transformation, au conditionnement, à la distribution, à la vente au détail, à la préparation… Même l’élimination des déchets alimentaires consomme de l’énergie ! Tous ces éléments du système de production alimentaire peuvent produire des gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques. D’autre part, les pratiques agricoles peuvent perturber l’environnement en détruisant des habitats naturels d’espèces sauvages, agissant sur la biodiversité, les sols ou en réduisant les stocks de carbone (lors du défrichage et du brûlage des forêts, par exemple). À mesure que l’agriculture s’intensifie, elle consomme davantage d’énergie, d’eau et d’intrants de synthèse tels que les engrais, les pesticides ou herbicides.
  • Sont culturellement acceptables [2]. En effet, pour être optimales à long terme, les alimentations durables doivent être adaptées aux cultures et aux habitudes alimentaires locales et être une source de plaisir, de convivialité et de partage.
  • Sont accessibles, abordables, sûrs, équitables [2].

Alimentation durable - 4 dimensions à prendre en compte - yaourt et nutrition

La conciliation des exigences de ces quatre dimensions constitue un véritable défi pour les sociétés ; et implique quelques compromis. En effet, les bienfaits pour la santé des aliments peuvent avoir un coût pour l’environnement. Où que nous vivions dans le monde, l’adoption de systèmes alimentaires durables peuvent représenter un dilemme, auquel les experts tentent de répondre, afin de concilier impact environnemental, nutritionnel et de santé.

Pourquoi adopter une alimentation durable ?

D’une part, la production alimentaire est une cause majeure du réchauffement climatique. Le système actuel de production alimentaire est responsable de 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, de 70% de l’utilisation de l’eau et d’une perte de la biodiversité continentale et marine [3]. Au total, 49% des terres habitables sont utilisées pour l’agriculture [4].

D’autre part, la prévalence de la dénutrition, de l’obésité et d’autres maladies liées à la malnutrition est préoccupante en raison, notamment, de la faible qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire [3].

En parallèle, la population mondiale continue de croître, (estimée à 10 milliards en 2050), augmentant la pression sur l’environnement et la santé mondiale [3]. Ainsi, les tendances alimentaires actuelles combinées à la croissance de la population mondiale majoreront inéluctablement les risques pour les individus et pour la planète.

Selon la commission EAT-Lancet (2019),  » une transformation radicale du système alimentaire mondial est nécessaire  » [3].

La reconnaissance de cette impasse incite à des recherches novatrices ouvrant la voie à une transformation de la production alimentaire. Celle-ci permettra non seulement de nourrir la population mondiale croissante mais constituera également une opportunité majeure d’améliorer la santé humaine.

Ainsi, il semble possible de contribuer à changer le monde grâce à ce que nous mangeons et à la façon dont nous produisons et gérons les aliments. Les chercheurs ont estimé qu’en modifiant les régimes alimentaires actuels, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’alimentation pourraient être réduites à hauteur de 50 % [5,6]. La modification des pratiques agricoles pourrait permettre des réductions supplémentaires [3,7]. Dès lors, les scientifiques tentent de concevoir une agriculture efficace et écoresponsable qui réduit les conséquences sur nos ressources limitées en terre et en eau tout en assurant la couverture de nos besoins nutritionnels et de santé croissants.

Comment manger plus durable et écologique ?

La transition vers une alimentation durable n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et nous ne disposons pas encore de toutes les réponses. Cependant, les experts s’accordent pour dire que la clé d’une alimentation saine et durable repose sur l’identification des aliments ayant une forte densité nutritionnelle, une faible empreinte environnementale, tout en étant abordables et culturellement acceptables. En pratique, voici quelques conseils [3] :

  • Augmenter la consommation de légumes, fruits, légumineuses, noix et graines.
  • Manger plus d’aliments produits localement et de saison, dont le transport de la fourche à la fourchette est le plus court possible
  • Réduire le gaspillage alimentaire (1/3 des aliments produits pour la consommation humaine sont perdus ou gaspillés [8]).
  • Limiter les aliments contenant des sucres ajoutés et des « calories vides »
  • Limiter les aliments ultra-transformés et la viande rouge.

Les régimes flexitarien, méditerranéen ou néo-nordique sont des exemples de régimes qui peuvent être considérés comme durables. Il s’agit de régimes riches en aliments d’origine végétale, avec des quantités limitées de produits d’origine animale, en particulier les produits carnés [2, 9, 10]. En réduisant la part de consommation d’aliments d’origine animale, l’impact environnemental est moindre. En outre, la consommation occasionnelle de ces derniers permet de couvrir les besoins nutritionnels (tels que la vitamine B12 et le fer).

Ces trois régimes sont donc des compromis intéressants pour une alimentation durable et équilibrée [2, 9, 10].


Pour en savoir plus:

Références :
[1] Thomsen C. Sustainability (World Commission on Environment and Development Definition). Encyclopedia of Corporate Social Responsibility. 2013.
[2] Burlingame B, Dernini S. Sustainable diets and biodiversity: Directions and solutions for policy, research and action. Food and Agriculture Organization. 2010.
[3] Willett W, Rockström J, Loken B, et al. Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492.
[4] Ritchie H, Roser M. 2019. Land Use. Our World Data.
[5] Hallström E, Carlsson-Kanyama A, Börjesson P. Environmental impact of dietary change: a systematic review. J Clean Prod. 2015;91:1–11.
[6] Aleksandrowicz L, Green R, Joy EJM, et al. The impacts of dietary change on greenhouse gas emissions, land use, water use, and health: a systematic review. PLoS One. 2016 Nov 3;11(11):e0165797.
[7] Karlsson JO, Carlsson G, Lindberg M, et al. Designing a future food vision for the Nordics through a participatory modeling approach. Agronomy for Sustainable Development. 2018;38:59.
[8] FAO. Food Loss and Food Waste. 2019.
[9] Willett W, Rockström J, Loken B, et al. EAT-Lancet Commission Summary report: Food in the anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492.
[10] Springmann M, Wiebe K, Mason-D’Croz D, et al. Health and nutritional aspects of sustainable diet strategies and their association with environmental impacts: a global modelling analysis with country-level detail. The Lancet Planetary Health. 2018.