Les techniques de modélisation révèlent les améliorations que nous pouvons apporter à nos apports nutritionnels en adoptant de nouvelles recommandations alimentaires, et comment nous pouvons perfectionner notre régime alimentaire individuel en y apportant quelques modifications supplémentaires.
Des recommandations alimentaires basées sur l’alimentation – davantage axées sur les végétaux – ont été élaborées dans de nombreux pays pour nous aider à faire les bons choix alimentaires afin de maintenir une bonne santé et prévenir les maladies chroniques.
Certains modèles mathématiques peuvent simuler l’impact de l’application de ces recommandations alimentaires sur notre nutrition. Ils peuvent également modéliser les régimes alimentaires individuels et permettre aux chercheurs d’évaluer les effets d’une optimisation des régimes alimentaires en examinant des choix alimentaires alternatifs.
« L’optimisation des régimes alimentaires individuels est un outil puissant pour évaluer la pertinence nutritionnelle des recommandations alimentaires existantes et tester les alternatives possibles. » – Maillot et Darmon, 2020
Les auteurs ont utilisé cette approche pour déterminer si les recommandations alimentaires introduites en France en 2017, qui favorisent une alimentation plus riche en végétaux, permettraient d’atteindre les quantités de nutriments recommandées.
Quels ont été les changements dans les recommandations alimentaires françaises de 2017 ?
Par rapport aux précédentes, les recommandations de 2017 ont introduit quatre changements principaux :
- Elles fournissent des recommandations spécifiques pour les légumineuses (haricots, pois, lentilles etc.), les charcuteries (le jambon par exemple), les noix et les produits à base de céréales complètes
- Elles font la promotion des huiles de colza, de noix et d’olive
- Elles distinguent la volaille des autres viandes
- Elles conseillent de réduire la consommation recommandée de produits laitiers de trois à deux portions par jour
Optimiser les régimes alimentaires individuels
Les auteurs ont étudié le régime alimentaire de plus de 1 800 personnes (régimes observés) à partir d’une enquête française menée en 2006-2007. Pour chaque personne, un nouveau régime (DP2) a été conçu en fonction des nouvelles recommandations, avec le moins de changements possibles par rapport à ses habitudes alimentaires. Un autre régime (DP3) a également été conçu en fonction des nouvelles recommandations, mais comprenant trois portions de produits laitiers par jour au lieu de deux.
Impact des recommandations alimentaires sur la valeur nutritionnelle
Les résultats ont confirmé que la valeur nutritionnelle globale des régimes DP2 et DP3 était meilleure par rapport aux régimes observés.
Les régimes optimisés avec le modèle DP2 ont une densité énergétique plus faible et une densité nutritionnelle plus élevée que les régimes observés. Le régime DP2 réduit également les carences relevées pour de nombreux minéraux et vitamines dans les régimes observés.
Cependant, dans le modèle DP3, l’ajout d’une portion quotidienne supplémentaire de produits laitiers est associé à un apport en calcium significativement meilleur que les régimes DP2 et observés (51 %, 58 % et 16 % d’insuffisance par rapport aux recommandations dans les régimes observés, DP2 et DP3 respectivement).
Les auteurs soulignent que les produits laitiers sont le seul groupe d’aliments pour lequel la fréquence recommandée pour les adultes a été réduite par rapport à la directive précédente en France, alors qu’ils sont de loin le plus grand contributeur à l’apport en calcium chez les Français.
« Appliqués au cas de la France, les résultats suggèrent que la conformité aux recommandations actuelles, telles qu’interprétées dans les modèles testés, améliorerait la qualité nutritionnelle globale du régime alimentaire des adultes en France. Cependant, le risque d’apports insuffisants en calcium serait accru » – Maillot et Darmon, 2020″.