Depuis le début des années 2000, la guerre contre le gras s’est répercutée par la multiplication des produits allégés dans les rayons des supermarchés. Les compagnies prenaient un malin plaisir à indiquer « 0% m.g. » et « sans gras trans » sur leur emballage. Cela a mené le consommateur à se soucier de plus en plus de la quantité de gras qu’il consomme. Or, de nouvelles recherches semblent montrer que les gras provenant des produits laitiers, dont le gras du yogourt, n’auraient pas les mêmes impacts sur la santé, au contraire!
Les gras : pas dans mon assiette!
On retrouve quatre types de lipides (gras) dans l’alimentation. Tout d’abord, les gras monoinsaturés et polyinsaturés, qu’on appelle souvent les « bons » gras, se retrouvent dans les huiles d’origine végétales, les noix, les graines, les poissons et dans certains fruits comme l’avocat. La science les valorise beaucoup. Les aliments qui en contiennent font partie de plusieurs types d’alimentation associés à une meilleure santé en général, comme l’alimentation méditerranéenne. Au banc des accusés, on retrouve toutefois les gras trans et les gras saturés. On les retrouve surtout dans les produits transformés, les viandes rouges, les charcuteries et même dans les produits laitiers.
On s’étonne des résultats!
Or, l’effet de la consommation de produits laitiers sur la santé se situe dans une zone grise. Par contre, lorsqu’on s’intéresse plus particulièrement aux différents types de produits laitiers comme le fromage, le yogourt, le kéfir, on s’étonne des résultats! En effet, on remarque que ces produits, bien qu’ils contiennent des gras saturés, ne procureraient pas un risque pour la santé plus élevé. Pourquoi ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses dont la matrice particulière de ces aliments. On retrouve, dans le yogourt, plusieurs composés intéressants tels que le calcium, les bactéries (les fameux probiotiques!), les protéines qui promeuvent la satiété, les peptides bioactifs qui sont dérivés de la caséine (la protéine du lait) ainsi que des gras laitiers connus tels que l’acide trans-palmitoléique.
Le saviez-vous?
Des chercheurs de l’Université Harvard ont montré que l’acide trans-palmitoléique, une matière grasse qu’on retrouve dans les produits laitiers, était associée avec une réduction pouvant aller jusqu’à 60% du risque de développer le diabète de type 2 chez ceux qui consommaient une diète riche en cette matière grasse versus ceux qui n’en consommaient que très faiblement.
Donc le gras du yogourt peut avoir un effet bénéfique sur la santé, mais quel yogourt choisir?
Depuis environ cinq ans, les produits ne cessent d’apparaître dans la section des yogourts. On retrouve désormais le populaire yogourt grec riche en protéines aux côtés de yogourt sans gras sucrés au sucralose (ie édulcorants). Devant une telle offre, le consommateur peut se perdre facilement. Une nouvelle étude canadienne[1] a conclu que les yogourts sans gras étaient majoritairement consommés chez les individus présentant un surpoids alors que les yogourts riches en gras (>2% m.g.) étaient consommés majoritairement chez les individus de poids normaux.
Fait intéressant, les personnes qui optaient pour les yogourts sans gras, probablement dans le but de contrôler la quantité de gras dans leur diète quotidienne, n’arrivaient même pas à consommer moins de gras au final. Il y aurait peut-être là un phénomène de déculpabilisation renvoyant à une compensation vers d’autres types d’aliments riches en gras. Les chercheurs ont également démontré que la consommation de yogourt, peu importe le pourcentage de gras, était associée avec une réduction des niveaux de triglycérides et d’insuline, améliorant ainsi la santé du cœur. Ils encouragent donc la consommation de yogourt et même la consommation de yogourt riches en gras…
Les Canadiens ne sont pas les plus grands consommateurs de yogourt à travers le monde. Voici la consommation annuelle per capita des plus grands consommateurs de yogourts!
En Europe, bien qu’on retrouve de plus en plus de produits allégés, le yogourt grec régulier est riche en gras. Il peut contenir jusqu’à 10 grammes de gras par portion de 7 onces. Les matières grasses lui permettent d’avoir cette texture crémeuse et onctueuse. Ca lui permet également d’atteindre un sentiment de plénitude (satiété) bien plus vite. Le gras du yogourt contribue donc à notre satisfaction gustative!
Bref, le yogourt est un aliment polyvalent qui peut certainement être consommé comme un dessert, mais qui peut également entrer dans la composition de plusieurs recettes.
Références
[1] Cormier, H., Laliberté, A., Tremblay, A., Pérusse, L., & Vohl, M-C. Yogurt Consumption: Influence of Body Mass Index and Dietary Restraint? Cross-Sectional Analysis of the INFOGENE Study. Journal of Food, Nutrition and Dietetics, May 2016.
Retrouver Hubert
Jeune et dynamique nutritionniste, Hubert Cormier se démarque sur bien des plans dans le domaine de la nutrition. De pair avec la poursuite de ses études doctorales en nutrition, Hubert est aussi conférencier, blogueur et ambassadeur de marques. En plus, Hubert démystifie et démocratise la nutrition, notamment sur des sujets comme le gras du yogourt. Il réussit en plus le pari de faire rimer alimentation équilibrée et plaisir de manger.
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