Le régime méditerranéen (RM) est mondialement connu pour ses bienfaits et a été ajouté en 2010 à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Non seulement ce régime est reconnu pour ses propriétés et sa densité nutritionnelles, mais il « englobe également un ensemble de compétences, de connaissances, de pratiques et de traditions, du paysage à la table, y compris les cultures, la récolte, la pêche, la conservation, la transformation, la préparation et, en particulier, la consommation alimentaire » [1].
Une alimentation territoriale historique, basée sur des aliments locaux et culturels
La diète méditerranéenne a une forte dimension historique et régionale. Elle est ancrée dans l’espace méditerranéen, qui a été, pendant des siècles, un point de passage de nombreuses civilisations : grecques, romaines, crétoises, italiennes…
Elle est traditionnellement caractérisée par une consommation élevée de légumes frais et locaux, de légumineuses, de fruits et de noix, et de céréales non raffinées, une consommation modérée de poisson frais et de produits laitiers et une faible consommation de viande et de volaille, et d’alcool, essentiellement du vin pendant les repas, s’il était accepté par la religion.
Le RM a été considérée en premier lieu car il était connu pour son efficacité dans la prévention des maladies coronariennes, en abaissant par exemple le taux plasmatique de cholestérol total [3-6].
Un modèle alimentaire varié et sain, qui présentent plusieurs avantages pour la santé
De nombreuses études ont été menées pour comprendre les conséquences du RM sur la santé. En 2017, une méta analyse [7] a montré que le RM réduisait le risque d’incidence des maladies cardiovasculaires de 45%, par rapport à un régime occidental classique.
Aujourd’hui, les bénéfices de ce régime dans la prévention des formes de malnutrition (obésité, diabète de type 2 [8]) ne font plus de doute. Il est également reconnu comme bénéfique dans la prévention du cancer [8-11], des maladies neuro-dégénératives [8] et dans la favorisation de la durée de vie [12,13].
« L’adoption du régime méditerranéen a été associée à une réduction significative de la mortalité totale, de la mortalité par maladie cardiovasculaire (MCV) et par cancer, et à un potentiel de réduction du risque de cancer. » – Hachem et al, 2020.
En bref, le RM étant faible en graisses saturées, en protéines animales, riche en antioxydants et en fibres, il a été prouvé que ce régime est associé à plusieurs résultats positifs pour la santé, qu’il s’agisse de la prévention des maladies ou des formes de malnutrition.
Aujourd’hui, l’intérêt du RM va au-delà de la nutrition et de la culture. Une transition profonde vers des régimes alimentaires sains plus durables et des habitudes alimentaires respectueuses de l’environnement semble obligatoire. Des études suggèrent que les régimes diversifiés territoriaux (RDT) ou les régimes planétaires, y compris le RM, pourraient permettre des changements à la hauteur du défi auquel nous sommes actuellement confrontés [14].
Le régime méditerranéen est un régime territorial diversifié
Les régimes alimentaires territoriaux diversifiés sont des régimes spécifiques à une région comprenant principalement des aliments saisonniers et d’origine locale et qui présentent une alimentation de type flexitarien. Le flexitarisme combine en effet de grandes quantités d’aliments d’origine végétale, de faibles niveaux de viande mais un volume modéré de volaille, de poisson, d’œufs et de produits laitiers [15].
Les régimes alimentaires diversifiés territoriaux sont considérés comme des régimes alimentaires sains et durables, reposant sur quatre dimensions [16] :
- Comporter des aliments sûrs et à forte densité nutritionnelle dans un schéma sain et varié
- Être culturellement acceptables
- Être accessibles, abordables et équitables
- Avoir un faible impact environnemental et préserver la biodiversité ainsi que les ressources naturelles
Une revue récente [15] suggère que les régimes alimentaires diversifiés territoriaux, parmi lesquels figurent par exemple les régimes méditerranéen et néo-nordique, peuvent répondre aux besoins énergétiques et nutritionnels sans nécessiter de compléments alimentaires ou de conseils professionnels.
« En examinant les critères d’une alimentation saine et durable, nous montrons que les régimes flexibles et diversifiés sur le plan territorial peuvent offrir un équilibre optimal entre la santé humaine et la santé planétaire, sans qu’il soit nécessaire de recourir à des professionnels de la santé. » – Moreno et al, 2021
Les enjeux environnementaux des régimes alimentaires locaux
En matière d’impact environnemental, les régimes alimentaires diversifiés territoriaux comme le régime méditerranéen (RM) sont d’une grande pertinence, car ils sont culturellement et économiquement profondément ancrés dans les habitudes des populations, et de fait, faciles à adopter et accessibles. En consommant des aliments cultivés et du bétail élevé localement, les habitants du pourtour méditerranéen valorisent les circuits courts évitant ainsi les exportations et le transport polluant des aliments, tout en favorisant l’économie locale.
À titre de comparaison, un régime alimentaire nord-américain quotidien a une empreinte écologique de 5,4 kg de CO2 rejetés dans l’atmosphère, alors qu’une personne qui suit un RM équivaut à 2,2 kg de CO2 émis quotidiennement en moyenne [17].
Ainsi, lorsqu’il est adopté localement, un modèle alimentaire territorial diversifié permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), l’utilisation des terres et la consommation d’énergie et d’eau douce. Selon une étude menée en Espagne, l’adhésion au RM pourrait réduire les GES de 72% [18].
Néanmoins, il est important de noter que le régime méditerranéen n’a sa place que dans le bassin méditerranéen, où il exploite légitimement les ressources locales pour un régime adapté aux populations locales, sans importation excessive de produits et une consommation locale raisonnable.
Ce modèle, lorsqu’il est adapté au territoire étudié, présente des variations propres aux ressources de la région et aux facteurs socio-économiques des populations locales. Par exemple, le nouveau régime nordique reflète le RM dans les pays nordiques. Par conséquent, davantage de recherches et d’implication dans l’étude des nouveaux régimes territoriaux sont nécessaires dans le cadre de la transition vers des régimes alimentaires sains et durables.
C’est notamment l’initiative mise en place par l’UNESCO récemment autour des régimes « planeterranéens » visant à proposer un modèle d’alimentation saine et durable reprenant les propriétés nutritionnelles de la diète méditerranéenne, mais adaptée au niveau local (19).
Pour plus d’informations :
- Vidéo : Comment nos régimes alimentaires peuvent protéger la santé de l’homme et de la planète ?
- Manger local pour une alimentation plus durable