Les maladies cardiovasculaires (MCV) représentent un lourd fardeau en termes de décès et de morbidité dans le monde (1) et les régimes alimentaires ont une forte influence sur la santé cardiométabolique.
Pendant des décennies, les aliments à faible teneur en matières grasses ont été promus comme faisant partie d’une alimentation plus saine pour prévenir le risque de MCV, et en mettant de côté les produits laitiers qui contiennent naturellement des graisses saturées (1). Cependant, les avantages nutritionnels des produits laitiers sont désormais mis en balance en regard des teneurs en matière grasse laitière.
Aperçu rapide sur les lipides
Les lipides forment une grande famille comprenant les triglycérides, les phospholipides, le cholestérol et certaines vitamines liposolubles (vitamines A, D, E et K). Dans le langage courant, le terme « graisses » est utilisé pour désigner les lipides contenus dans les aliments. Les lipides sont constitués d’acides gras, ces derniers étant classés en trois groupes biochimiques :
- Les acides gras saturés,
- Les acides gras mono-insaturés
- Les acides gras polyinsaturés (AGPI), qui sont dits ʺessentiels » (oméga 6 et 3) car notre organisme ne sait pas les synthétiser ou ne peut pas synthétiser leurs précurseurs. Ainsi, l’alimentation constitue une source importante de ces lipides essentiels.
Quelles sont les matières grasses des produits laitiers ?
Tous les produits laitiers, lorsqu’ils ne sont pas des formules allégées (lait entier, yaourt nature, fromage frais ou affiné) contiennent des lipides. En moyenne, un yaourt nature (125 g) contient environ 4% de lipides (~5 g de lipides), dont environ :
- 69% d’acides gras saturés (acides palmitique, myristique, laurique, butyrique, stéarique),
- 28% de lipides monoinsaturés (acide oléique),
- et 3 % de polyinsaturés (acides linoléique et linolénique) (2).
La composition en acides gras varie considérablement selon les espèces et les races d’animaux laitiers, ainsi que selon l’alimentation (2).
Zoom sur les graisses laitières du yaourt
Avec une teneur en matières grasses assez faible, le yaourt nature se distingue comme un aliment nutritionnellement dense associé à des risques de MCV faibles (7).
Dans une étude récente menée au Brésil (8), une consommation plus élevée de yaourt (> 1 portion/jour par rapport à une consommation nulle) était associée à un risque plus faible d’événements cardiovasculaires et de décès dus à des accidents vasculaires cérébraux. Le yaourt est également associé à d’autres avantages pour la santé en matière de prévention de maladies telles que le diabète (9) et l’obésité (10).
La différence entre les effets négatifs attendus des acides gras saturés et la réalité peut s’expliquer en partie par la complexité de la matrice alimentaire des produits laitiers. Les acides gras saturés sont consommés en association avec des minéraux, des protéines, des ferments. La matrice laitière peut contribuer aux effets bénéfiques du yaourt et déterminer la biodisponibilité des graisses (11).
Les chercheurs s’accordent à dire que les consommateurs doivent continuer à consommer des produits laitiers entiers avec modération dans le cadre d’un mode de vie sain et équilibré, en privilégiant les produits laitiers fermentés (tels que le yaourt) pour un apport optimal en nutriments et des bénéfices potentiels pour la santé cardiovasculaire (12).
Pour en savoir plus:
- Yaourt et santé cardio-métabolique (cahier de Nutrition et Diététique)
- La matrice laitière entière prime sur les nutriments isolés
- Le yaourt pour aider à controler sa pression arterielle
References :
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